Tu marches au bord du monde
Une jeune femme fraye son chemin existentiel depuis son enfance roumaine des années 80. Abandonnant ses rêves, saisissant les opportunités tant sociales qu’affectives qui se présentent, elle franchit les frontières et « marche au bord du monde », perpétuelle étudiante. Narratrice de sa propre épopée, elle nous offre ses fuites et sa quête d’équilibre, entre corps et âme.
J’adore cette personne fragile qui se frotte aux autres dans des élans de survie, portée par l’écriture et la modernité de Alexandra Badea, que j’avais découverte en 2009 avec le recueil Contrôle d’identité / Mode d’emploi / Burn out.
– « On devrait inventer une thérapie linguistique, guérir en apprenant de nouvelles langues, ça enterrerait complètement Freud et Lacan. »
« l’invention du langage a été une erreur, autant l’interdire au maximum sur le terrain amoureux. On devrait s’exprimer par des gémissements, par des cris, par des onomatopées, comme les animaux. Accepter le retour à l’état animal, renoncer à la conscience, aller au fond de ce puits obscur dans lequel on a peur de tomber, goûter le vide de nos êtres en acceptant jusqu’au bout de la moelle que deux solitudes ne se rencontreront jamais. »